À l’heure du contexte mondial inédit, nous pouvons poser la question suivante : dans une telle situation, la technologie est-elle superflue et non essentielle ou bien est-elle une clef pour le présent et l’avenir ?

 

Bien sûr, pour le télétravail, l’évidence est là. Bien qu’elle ne soit pas une solution pour tous les métiers. Mais qu’en est-il des autres technologies…

Pour répondre à cette question, nous avons repris notre rapport de visite du CES 2020 et nous y avons porté un nouveau regard, que nous vous proposons ci-dessous.

La première clef d’entrée de cette lecture est que si le CES a pu être taxé de gadgétisation et de course à la « technologie pour la technologie », il est important de rappeler qu’il regroupe des innovateurs, des entrepreneurs et des équipes R&D qui font des milliers de kilomètres pour expliquer leurs avancées. Prenons le temps de relire cela dans le contexte de nouveaux usages.

C’est cette lecture du CES 2020 que nous avons réalisée avec le prisme du contexte actuel pour y puiser des idées d’innovations qui, dans le futur, pourraient aider à gérer ce type de crise.

Notre souhait étant que la technologie, posée au bon niveau, puisse participer au réservoir d’espoirs pour demain. Tout en la gardant à son juste niveau, celui qui nous est durement rappelé en ce moment ; au service de l’humain, de l’humanité et de l’essentiel.

Ce dossier complémentaire rédigé par l’équipe TASMANE vous permettra de réutiliser ce CES 2020 dans notre actualité si dure et si complexe pour tant de personnes et pour se donner le temps de penser à des avancées qui pourraient ne pas rester au stade d’innovations mais passer au stade de production plus rapidement maintenant pour aider concrètement.

1 – Les innovations dans le domaine médical 

Les premières innovations qui sautent aux yeux concernent la médecine à domicile depuis le diagnostic jusqu’à l’accompagnement.

Le CES 2020 a mis en avant le besoin de téléprésence du médecin pour faire des diagnostics et des prescriptions. Il a aussi montré des avancées remarquables, appuyées en cela par la décision, notamment Française, de rembourser comme les autres les téléconsultations. Nous voyons cela à l’œuvre au moment où les médecins sont, eux aussi, concernés par le télétravail.

Cette demande est importante et nécessaire aujourd’hui pour éviter des regroupements dans les salles d’attente de médecins, pour identifier des pathologies plus sujettes à des risques face à la pandémie ou bien pour isoler au plus tôt toute personne présentant des Symptômes détectés dès son domicile.

innovations médicales

Quelques innovations :

  • « Le diagnostic à la maison » – MedWand fait partie de ces outils de diagnostics à distance (page 214) comme le fait également Vivascope de Bosch (page 215).
  • « Le pré-diagnostic en salle d’attente » – Hygia pulse (page 222) quant à lui permet le diagnostic, chez le médecin, sans contact entre le patient et le médecin. Une autre voie est poussée par l’outil inBody (page 230) à même de réaliser un ensemble de diagnostics sans contacts directs avec un médecin. Des technologies intéressantes pour limiter le risque pour les soignants.
  • « Le contrôle à domicile » – La démocratisation des contrôles médicaux chez soi est un point qui, également, peut améliorer une surveillance fine. Dans ce contexte, xRBlood permet l’analyse de sang à domicile (page 231).
  • « La gestion du stress » – Il est également intéressant de citer toutes les innovations autour de la gestion du stress qui, en période de confinement, aiderait sans doute à supporter une situation exceptionnelle et à surveiller les sur sollicitations. Exemple du bracelet Gobe3 (page 217) ou le bandeau Flowtime (page 233).
  • « Le système d’information médical » – BISOM (page 220) une application pour tablette dédiée aux urgentistes pour décider au plus tôt de la prise en charge avant l’arrivée aux urgences.
  • « L’hygiène des équipements » – les besoins de maîtrise des germes transmis sur des appareils tels que les Smartphones ou autres équipements va devenir une obligation. La solution de Phone Soap (page 235) est un stérilisateur pour smart phone.

2 – Les innovations de la smarthome

Dans la suite de notre épisode de la semaine dernière, le smart home regorge de services qui, au-delà ou en complément de la santé, rendent le séjour à domicile plus sur et bénéficiant de plus de services. Ces services prennent une importance prépondérante par le fait qu’un domicile peut devenir un lieu de à 100% du temps et pour 100% des activités de la journée. En cas de confinement, d’hospitalisation à domicile et autres événements ou choix.

Tout d’abord, rappelons que la smarthome est un lieu d’apport technologique qui augmente les capacités humaines. C’est ce que le groupe de travail Xavier Dalloz appelle « l’Internet of Augmented Me », laquelle l’auteur de ces lignes à l’honneur de participer depuis plus de 10 ans. La page 146 donne une illustration de tous ces services qui se combinent, s’enrichissent et s’appuient sur « des écosystèmes d’écosystèmes » comme le démontre très bien Somfy en page 174 en expliquant l’ensemble des groupes auxquels participent leurs solutions.

smarthome
  •  « La maison de retraite à domicile » – comme prônée par Unaide (page 165) ou par Kokon (page 166) peut se révéler un outil formidable d’assistance pour la surveillance des personnes fragiles à leur domicile.
  • « La détection de chute » ou autre événement déclencheur, comme le fait Morphee (page 167) peut aider à identifier des comportements anormaux de personnes restées seules à leur domicile comme nous le vivons aujourd’hui en période de confinement. D’autant que Morphee réalise également un suivi des fonctions respiratoires (non invasif).
  • « Le robot accompagnant » (le majordome) – ce robot accompagne les personnes âgées à domicile et peut rendre de grands services par sa capacité de mouvement et l’IA, la reconnaissance vocale et autres fonctionnalités embarquées. Comme le fait ITRI (page 346).
  • « Les textiles intelligents » – Pour accompagner une personne au quotidien, il importe que la technologie « disparaisse » et ne crée pas des empêchements dans ses activités. C’est là que les textiles intelligents, comme Myant-Skiin (page 238) et BodyListener (page 239) s’avèrent intéressants en mode préventif.
  • « L’agriculture à domicile » – comme le met en avant myfood sera également, dans l’avenir, un élément important pour décentraliser et déconcentrer la production. A voir des solutions comme myFood (page 109) qui peut générer la production de légumes pour une famille de 4 personnes avec 22m2 au sol.
  • « La réception de colis » – Les livraisons sans contact, telles que ProchsterGo Nok Nok ou Smartparcel (pages 197 et 198) ont été initialement conçues pour la livraison simplifiée en cas d’absence du destinataire. A l’époque du CES, en Janvier 2020, cela apparaissait même comme un service « intéressant ». Mais à la lecture de notre contexte, combien ces innovations peuvent être relues différemment notamment en tant que contribution aux gestes barrières !

Et bien d’autres à découvrir dans notre chapitre SmartHome. Si vous-même souhaitez en mettre en lumière, n’hésitez pas à partager !

3 – La nouvelle vie de la mobilité et le début de la téléportation ? 

Ce troisième épisode se porte sur la mobilité autonome physique ou virtuelle.

La mobilité autonome a été tirée par les voitures autonomes qui ont fait émerger bon nombre d’innovations technologiques. Cette « voiture autonome » par sa capacité de réinvention est d’ailleurs devenue « véhicule autonome » car l’autonomie permet d’envisager de nouveaux usages.

Pour mesurer cette autonomie, les 5 niveaux d’autonomie du véhicule sont devenus une échelle de référence pour comprendre les évolutions en cours.

Le message, probablement le plus important est que le niveau 5 (sans conducteur) ne se pense pas comme étant la suite du niveau 4. Le niveau 5 invite à réfléchir autrement le véhicule autonome.

Le véhicule autonome est un ensemble de technologie…

Sur la trace de ce véhicule autonome c’est l’intelligence artificielle, le cloud (Cf Qualcomm page 280), le edge computing (Cf Aizin page 281) et autres nouvelles technologies attendues telles que la 5G qui ont pris leur essor. Cet ensemble a mis en lumière un foisonnement technologique et pas seulement une somme d’innovations. L’intégration au service d’un même usage devient le maître mot.

Comme nous le montrons dans les pages 46 et 47 c’est un ensemble de technologies qui, chacune, invite à réfléchir et qui, présentes en même temps, crée cet effet Waouh que plusieurs ont cherché au CES 2020 sans le trouver.

Cela invite à une nouvelle réflexion : « réinventons l’avenir au lieu d’automatiser le passé » comme le dirait Xavier Dalloz.

Revenons sur le véhicule autonome, c’est toute la notion de « voiture pilotée et assistée » qui n’est plus. L’absence de conducteur crée de nouvelle voiture qui peut se limiter (ou se packager) à des plateformes : page 277 à 281.

… permettant la création de plateformes aux utilités multiples

Si l’avènement de ces plateformes est attendu rapidement, les usages, eux, commencent à émerger. Un véhicule autonome qui, par son automatisation, n’est autre qu’une plateforme sur lequel on « pose un usage » permet d’imaginer ; un magasin roulant, une chambre d’hôtel roulante ou encore un atelier mécanique autonome (démonstration de Toyota au CES 2018) ou bien en cabinet médical (démonstration de Panasonic au CES 2019) ou encore une unité de livraison avec des robots pour les derniers mètres comme l’avait démontré Continental au CES 2019.

Cette mobilité autonome, de bout-en-bout, prend un sens nouveau pour des livraisons ne mettant pas en situation de transmission des personnes.

La robotisation de la supply chain

C’est là que Ford, au CES 2020, a repris cette idée pour adjoindre aux entrepôts un robot permettant de décharger les véhicules de livraisons. Son robot « digit » (page 342) et issu du partenariat avec Agility Robotics est tout à fait parlant sur ce point.

La nouvelle vision est donc une chaîne de livraison, de bout-en-bout, robotisée pour charger/décharger les véhicules de livraisons que ce soit en entrepôts ou, au denier mètre, dans chaque véhicule.

Ces livraisons sans contacts entre humains pouvaient faire craindre une perte d’humanité hier. Aujourd’hui elle peut être revue comme une application des gestes barrières salutaires sécurisant les livreurs et ceux qui reçoivent les colis.

Dans ce contexte de livraison, nous pourrions imaginer avoir chacun un sceau digital, comme le préfigure Heymo (page 368), pour signer la réception, là encore sans contact direct.

La réalité virtuelle, l’avenir de la mobilité ? 

La mobilité signifie à la base, qu’une personne se déplace d’un point à un autre. Alors, avant que la téléportation ne soit une réalité, nous voyons arriver tous les avantages et les usages de la réalité virtuelle et réalité augmentée pour l’appliquer à nos déplacements, sans se déplacer.

Le retail, notamment dans l’immobilier, devrait tirer rapidement avantage de cela. Et c’est ce que propose RetailVR (page 242) pour visiter à distance un bien immobilier ou visiter une boutique pour acheter.

Ce sont plusieurs marchés qui pourraient être concernés par cela depuis le Retail, l’immobilier, le voyage, le tourisme…

Imaginons deux modes :

• Le premier est d’être en contact, à distance, avec des agents Chatbot (page 92), pour le Retail, donnant la sensation de véritable conversation. Il pourrait être y être adjoint de nouveaux types d’interfaces comme celle de Néon (page 78) qui a surpris plus d’un visiteur par sa fluidité et son réalisme.

 Le deuxième mode serait de commander un robot, à distance, pour se déplacer où l’on souhaite et regarder, en direct, ce que l’on souhaite voir. Le robot de Samung (page 339) pouvant illustrer une forme d’application allant dans ce sens d’un robot que vous dirigez vous-même à distance. Dans l’immobilier, ce type de robot pourrait être réservé et vous donner une heure de visite vous iriez alors voir ce que vous souhaitez et ne vous déplacer qu’au dernier moment.

Tout cela étant des pistes de réflexion…